Sahel : A qui profitent les calomnies contre la Mauritanie ?

Les campagnes hostiles contre la Mauritanie se multiplient dans le cadre de la guerre qui se déroule sous les sables du désert entre le camp atlantique (Europe et Amérique) et le camp eurasien (Chine et Russie), en raison de l’importance de sa position stratégique qui représente pour l’Amérique ce que l’Ukraine représente pour la Russie. 

La Mauritanie est située, avec une légère déviation, face aux territoires américains sur la côte est de l’océan Atlantique. C’est aussi le seul pays d’Afrique subsaharienne qui n’a pas cédé aux pressions russes pour entrer sur son territoire avec les mêmes formules et formes de présence de Moscou que dans les autres pays du Sahel africain, du Tchad au Mali. Plus important, elle n’a pas cédé aux provocations que constituent les harcèlements de la "Légion africaine" (anciennement Wagner) accompagnée de l'armée malienne contre ses citoyens dans ses villages frontaliers à l’est. La rencontre du président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El-Ghazouani, accompagné des présidents de quatre pays d’Afrique de l’Ouest, avec le président américain Trump à la Maison Blanche, il y a deux mois, est – à mon avis – l’une des raisons de l’augmentation de la méfiance envers la Mauritanie et des attaques contre elle, sous prétexte qu’elle aurait permis le passage d’armes ukrainiennes aux insurgés azawadien. Cela est dû au fait que les forces russes ont subi plus d’une défaite "humiliante" aux mains des rébelles Touaregs et des groupes terroristes qui continuent à marquer une forte présence dans le nord du Mali, à "Tinzouatine" puis lors de la « bataille d’Anoumalan » lors d’une attaque d’une unité de l’armée de libération de l’Azawad contre une division de la Légion africaine, qu’elle a mis en déroute de Kidal. Ces deux batailles ont changé les caractéristiques et les méthodes du conflit au Nord Mali, et les allégations contre notre pays ont commencé à se propager via des sources médiatiques internationales citant les médias du régime malien à Bamako, dans le but de justifier ses défaites honteuses aux mains de l’armée azawadienne et des groupes Ansar Dine et Daech. Ce dernier est désormais proche de Bamako, la capitale déjà prête à tomber, où les factions au pouvoir se disputent le pouvoir et ne rivalisent pas pour sortir le pays de l’échec qu’il subit et de la détérioration des services pour les citoyens qui souffrent de coupures d’électricité et d’eau, de mauvaises conditions de vie et d’insécurité.

Nous allons ici poser des questions qui pourraient répondre à cette campagne contre la Mauritanie. Premièrement : le Sahara, de Darfour à l’Azawad, n’est-il pas un repaire pour les groupes « takfiristes » et les gangs de contrebandiers ? La plupart des pays européens, avec leurs équipements et leurs armes, y compris la France et l’Ukraine, ne sont-ils pas présents dans l’ouest de la Libye ? Toutes sortes d’armes volées dans les entrepôts de Kadhafi après sa chute n’ont-elles pas afflué du sud de la Libye ? 

Il est superflu de dire que le désert est ouvert et que les gangs de contrebandiers et de takfiristes y évoluent librement, ce qui leur permet de contrôler leurs itinéraires. Il est également superflu de dire que le rapprochement pragmatique évident maintenant entre le Front Al-Nosra et Daech avec les mouvements azawadiens, et leur accord sur un objectif unique (faire chuter la junte malienne et occuper le terrain), rend la contrebande d’armes de Libye et du Tchad plus facile que le voyage d’un citoyen en train entre deux villes.

Alors pourquoi accusent-ils la Mauritanie ? Est-ce parce qu’elle a refusé les pressions de toutes parts pour ne s’intéresser qu’à ses propres intérêts et sa sécurité ? De par ma connaissance de la nature du conflit en Azawad et de la situation des Touaregs et des Arabes qui y vivent, ainsi que de leurs relations avec la Mauritanie, qui leur a ouvert ses portes pour échapper aux massacres de Wagner et de l’armée malienne et chercher refuge sur son territoire (plus de deux cent mille réfugiés azawadiens dans les camps de Mberra et de M'kef, et les municipalités de Fassala et Bassiknou et leurs villages), je ne crois pas qu’ils impliqueraient la Mauritanie en faisant passer des armes par son territoire, et par crainte de nuire à leurs réfugiés en raison d’une réaction du pouvoir mauritanien. 

De plus, la Mauritanie ne peut pas s’impliquer dans une telle affaire, car elle maintient – à travers la philosophie de gouvernance de Ghazouani – un équilibre dans ses relations avec tous, sans compter la force de l’armée mauritanienne et sa discipline dans la surveillance des routes et des pistes du désert, soumettant tous les véhicules qui traversent le territoire national à des inspections, ainsi que la surveillance des mouvements dans le désert par des avions de surveillance modernes dans le cadre de la modernisation massive des capacités militaires de l'armée mauritanienne. 

La Mauritanie est également le pays le plus préoccupé par la sécurité du Sahel. Ces allégations, que relaient des publications affidées, s’inscrivent dans le cadre de guerres médiatiques et de pressions psychologiques sur l’État mauritanien pour qu’il cède aux demandes de la Russie, d’autant plus qu’elle craint la chute de Bamako, qui subit les coups du groupe Macina, ainsi que des tentatives de coup d’État, la dernière en date il y a une semaine, où le hasard a sauvé le régime d'Assimi Goïta d’un coup d’État mené par un certain nombre de militaires – on a dit que c’était une machination française, ce qui est une possibilité – un Français ayant été arrêté avec le groupe putschiste. Si Bamako tombait, la présence russe dans les pays du Sahel s’effondrerait, tout comme leur présence au Niger et au Burkina a commencé à partir du Mali. De plus, le régime malien exporte ses problèmes économiques et sécuritaires et son effondrement, et impute sa faillite à ses allégations contre la Mauritanie pour détourner l’attention de son échec administratif et militaire depuis son coup d’État contre Ibrahima Boubakar Keïta.

Sneiba Mohamed